Emploi et Logement : comment renforcent-ils la précarité et la fragilité ?

CDD, intérim, contrats précaires… 50 % des moins de 25 ans sont soumis au « travail en miettes » (13 % pour le reste de la population) et de la même manière, ils sont confrontés les premiers au problème du logement : difficulté à se loger dans les grandes villes chères où les plus petites surfaces sont les plus inabordables.

Souvent traités séparément, l’emploi et le logement cristallisent pourtant chacun l’ampleur et l’intensité de la crise. La Fondation a voulu comprendre les interactions entre l’un et l’autre et souligner combien elles fragilisent plus encore ceux et celles qui sont déjà en difficulté.

L’augmentation en cinq ans du nombre de demandeurs d’emploi (+ 2 millions),  la généralisation des CDD, particulièrement ceux de courte durée ; la fermeture de sites de production, le développement du travail saisonnier…

Le logement est devenu le 1er poste de dépense des ménages. Il a un impact très fort sur les restrictions budgétaires. Ce taux d’effort qui atteint 40 % pour une part non négligeable d’entre eux et entraîne des privations en forte hausse (santé, nourriture, chauffage…).

Le logement peut devenir un obstacle à l’emploi : la ségrégation spatiale joue un rôle de plus en plus reconnu dans l’accès à l’emploi. Le lieu de résidence augmente du simple au triple les chances d’avoir un travail.

L’étalement de l’urbanisation, l’éloignement des bassins d’emploi augmentent non seulement les coûts de transport mais également les coûts indirects (santé, vie de famille….). Une enquête récente du Credoc souligne que 2 millions de personnes ont refusé un emploi car il signifiait pour elles un déménagement avec un surcoût trop important et/ou trop de temps de transport.

Le BTP joue un rôle essentiel dans la relance de l’économie : la production de logements accessibles au coeur des villes et des territoires et un enjeu actuel majeur  ;  le coût du logement réduit sensiblement le pouvoir d’achat des ménages et contribue au ralentissement de l’économie.

 

Pour la Fondation, le logement doit être un bouclier protecteur pour les personnes locataires ou propriétaires plus que jamais en cette période de crise. Il est également un outil de développement économique. C’est pourquoi la bataille du logement ne doit pas être perdue.

 

Les copropriétés dégradées  : une bombe à retardement

Le quart du bâti en France est constitué de copropriétés occupées par des locataires et des propriétaires.  Parmi les 6, 6 millions de logements en copropriétés, plus d’un 1 million sont en situation de fragilité. Ces chiffres sont une alerte.  Et beaucoup de ces situations sont invisibles car elles relèvent du domaine privé.

Dans ce chapitre, la Fondation a croisé les typologies des copropriétés et de leurs habitants.  Il ressort de cette analyse que les occupants des copropriétés dégradées sont en grande majorité des personnes seules et vieillissantes, ce qui augmente encore plus la fragilité de leur situation.

Les propriétaires se retrouvent prisonniers dans une nasse dont ils ne peuvent sortir. Une intervention publique importante est indispensable.

Dans une étude qu’elle a mené sur un échantillon important de copropriétés dégradées, elle note que les situations individuelles sont le plus souvent bloquées.

Le poids des charges collectives est le plus souvent mal connu à l’achat ou lors de l’installation et par conséquent non inclus dans le budget des ménages. Les occupants se retrouvent alors avec des taux d’effort qui atteignent en moyenne 44 %  et qui  peuvent atteindre 60 % de leur budget. Des situations intenables.

 

Le logement, un effort politique commun de tous les instants

Les mesures structurelles (lois, règlements…) prises en 2013 et l’énergie déployée par le Gouvernement pour donner au logement une place prioritaire n’empêche pas la Fondation de rappeler et d’insister sur l’urgence sociale qui nécessite aujourd’hui des réponses immédiates.

Les loyers ont augmenté de 55 % depuis 2000, les prix de vente ont augmenté de 100 % ; on compte 1, 8 millions de demandeurs de logement social et seulement ¼ d’entre eux ont eu une réponse en 2013.
En 2014, la Fondation demande qu’il y ait un véritable « choc de solidarité » dans le domaine du logement.

Il s’agit de donner des moyens financiers et humains afin de mettre en pratique les avancées législatives du Gouvernement (loi ALUR, plan quinquennal de lutte contre la pauvreté….)

Des engagements de l’Etat sont attendus par la Fondation sur de nombreux points   :

– les ménages prioritaires DALO qui n’ont toujours pas eu de proposition en 2013.

– la mobilisation du parc privé comme alternative à l’hébergement.

– l’établissement d’un moratoire concernant les expulsions locatives

– la fin de la gestion saisonnière des places d’hébergement

– la prise en compte du risque d’augmentation des expulsions après le 31 mars.

– l’évolution des APL

– la question des bidonvilles